- compagnon
- Compagnon, m. Est celuy qui a hantise ordinaire et compagnie à un autre, et est terme correlatif à luy mesmes, le Picard dit Compaing, comme l'Italien Compagno, et compagnon par diminutif. Le mesme Picard, dit paignon en diminutif de pain, pour un petit pain: qui fait qu'aucuns estiment compagnon estre dit à cause de la commensalité qui est entre deux qui s'entrefont compagnie. Autres le tirent du Latin, Compaganus, ce qui n'a point de nez, l'Espagnol dit Compannero. De mesme façon on dit absoluëment, tel est mon compagnon en terme indefini, de celuy qui nous fait toute compagnie, et avec adjonction, tel est mon compagnon d'estude, d'armes, de guerre, d'apprentissage, en terme coarcté à certaine maniere de compagnie: on appelle aussi compagnon, un artisan qui n'est encores maistre, ains besongne sous les maistres, qu'on dit autrement Compagnon de mestier.Compagnon de guerre, est celuy qui est en une mesme expedition et armée, et sous mesme enseigne avec un autre: Car comme dit a esté, ce mot compagnon est relatif. Commilito. Il est dit sous mesme enseigne, pourtant que on n'appellera pas compagnons de guerre tous ceux d'une armée entre eux: veu que ce mot compagnon demande une partie et conformité de qualitez entre deux, et ne peut bonnement le pieton appeler l'homme d'armes son compagnon de guerre, et beaucoup moins les chefs et capitaines, et si bien aux concions et harengues militaires, tant latines, que françoises, on trouve que les chefs ayent usé de ce mot Commilitones, et mes compagnons, cela ne conclud rien contre la naifveté dudit mot, et cognoit-on assez, que c'est un abbaissement flateur impropriant ledit mot, pour animer les gens de guerre.Compagnon d'armes, Semble qu'il signifie et importe quelque chose plus eminent, et de plus de grandeur que Compagnon de guerre, ce qui est à presumer, par ce qui est recité au 6. chap. du 3. livre d'Amad. où Galaor parlant {{o=porlant}} de Norandel nouvellement fait chevalier fils bastard du Roy Lysvart fait cette requeste audit Lysvart. S'il {{o=Sil}} vous plaist me faire tant de bien de me le donner pour compagnon, j'estimeray le service que je vous desire faire pour tresbien employé. Comment respondit le Roy. Vous voudriez-vous charger d'un garçon, et luy faire du premier coup cet honneur, ne cognoissant encore le ply qu'il doit prendre, mesmes que je ne sçache nul chevalier en la grand Bretaigne qui ne s'estimast bien-heureux d'avoir le bien que vous luy presentez: et peu apres, Pour autant Sire, dit Galaor, que je suis chevalier, et veux prier Norandel de m'ottroyer ce que je luy demanderay, qui est que luy et moy soyons un an entier compagnons, durant lequel ne nous separerons, si mort ou prison n'en est cause, etc. Et ceux qui s'estoient ainsi entredonnez compagnie, appeloient de là en avant l'un l'autre mon compagnon, et comme les chevaliers demeurent par telle maniere compagnons d'armes, ainsi les Roys entre-eux sont freres d'armes, pour laquelle cause ils s'entrappellent freres.Compagnons à apprendre, ou d'apprentissage, Compagnon d'escole, Condiscipulus.Compagnon de table, Conuictor.Compagnon à caqueter et plaisanter, Congerro.Qui n'ont qu'un pot et un feu, grans compagnons, Contubernales.Compagnon de table à boire et à manger, et à joüer, Sodalis huius sodalis.Compagnon en magistrat, qui sont en mesme office, Collegae.Compagnon à cheminer, Comes.Compagnons d'un college, Sodales.Compagnon de la conjuration, Particeps coniurationis.Compagnon en tous labeurs et peines, Socius.Qui sont compagnons et de mesme troupeau, Gregales.Tes compagnons, Gregales tui.Compagnons qui doivent tribut, Socij vectigales.Compagnons, ou la femme, Compar.Bailler compagnon à quelqu'un, Consociare.Se faire compagnon, Conferre se in societatem aliquorum.Laisser rejoüer son compagnon qui a mal joüé, Manus remittere.Va, je t'estime gentil compagnon, Abi virum te iudico.O gentils compagnons, Macte.Il fut son compagnon, et eut quelque bruit et reputation en son temps, Tenuit cum hoc quendam locum.Cestuy a esté son compagnon és dangers, Hic fuit illi in periculis particeps.Il fait le petit compagnon, Agit humilem et plebeium. B. ex Suetonio.Per à compagnon, Ex aequo loco loqui. B.Prendre à compagnon, Assumere in societatem, In societatem accipere, Adiungere sibi socium.Rencuser ses compagnons, Prodere conscios.Ils targerent quelque peu de temps, tant que leurs compagnons veinssent, Paucos morati dies dum socij venirent.Parler compagnon à compagnon, Ex aequo loco dicere.Compagne, Socia.
Thresor de la langue françoyse. Jean Nicot.